Un manifeste étudiant pour un réveil écologique

Impossible d’y échapper : la démission de Nicolas Hulot début septembre a fait grand bruit et a sonné comme l’aveu de son impuissance à enrayer le réchauffement climatique, malgré son poste de Ministre. A la suite de sa démission, des marches pour le climat ont eu lieu le 8 septembre dans plusieurs villes. Elles ont rassemblé plus de 100 000 personnes au total, un record pour une manifestation en faveur du climat. Un mois plus tard, au mois d’octobre, la Marche pour le climat est encore parvenue à réunir du monde, même si le nombre de participants était moindre. Difficile, encore une fois, de faire durer la prise de conscience et les actions tournées vers la sauvegarde de l’environnement.

C’est pourtant le souhait de certains étudiants issus de grandes écoles parisiennes (X, HEC, AgroParisTech, CentraleSupelec, ENS). Ces derniers ont décidé de contribuer à une prise de conscience durable en corédigeant le « manifeste étudiant pour un réveil écologique », manifeste aujourd’hui signé par plus de 14.000 étudiants issus de l’enseignement supérieur. Ce manifeste affirme la volonté de ses signataires d’être les acteurs d’un changement profond de nos comportements. Au premier abord, on peut croire que c’est un texte comme les autres, un simple document qui nous rappelle la nécessité d’agir pour sauver la planète rapidement ; en un mot, une énième tentative inaudible. Pourtant, cette initiative se démarque des précédentes sur plusieurs points importants qu’il faut ici rappeler.

D’abord, ce n’est pas une simple pétition mais un manifeste, c’est à dire un texte qui affirme et définit des opinions et une volonté commune. Il n’a pas été créé pour contrer une action, un projet de loi ou les choix d’une entreprise, mais pour témoigner d’une résolution partagée au sein d’une même population. La teneur universelle des revendications de ce manifeste assure sa longévité : il n’est pas conditionné par le contexte dans lequel il a été créé.

Ensuite, le manifeste n’est pas une demande adressée à d’autres, mais la matérialisation d’un engagement : celui des étudiants signataires, qui déclarent adapter leurs comportements à l’urgence écologique. Si ces étudiants parlent en tant que citoyens en affirmant mener un train de vie plus respectueux de l’environnement, ils s’engagent aussi en tant que futurs travailleurs, en refusant par exemple de mettre leurs compétences au service  des entreprises les plus polluantes. Individuellement, ces changements ne font bien entendu pas de réelle différence ; mais si tous ces étudiants adoptent réellement les conduites prônées dans le manifeste, on peut réellement espérer que les entreprises les plus polluantes changeront leurs méthodes de production.

Ce sont en effet les étudiants de grandes écoles qui ont signé ce manifeste. Ces futurs ingénieurs, managers, entrepreneurs, PDG, politiciens, seront les décisionnaires dans quelques décennies et entreront dans le monde du travail dès les prochaines années. Ils affirment que les choix écologiques des entreprises seront une composante essentielle du choix de leur futur employeur.

C’est pour une raison simple que cet article a vu le jour : cette affirmation, pour être crédible et avoir du poids, doit être partagée par le plus d’étudiants possible. Car si les entreprises en entendent parler, il y a surement une chance infime qu’elles finissent par réagir, par peur d’être privées des talents de demain. Cette espérance est bien naïve certes ; mais on peut a minima espérer que ce manifeste serve une prise de conscience collective quant à l’urgence d’agir.

Evidemment, ce texte a le défaut de ses qualités : c’est un manifeste, pas un plan d’action. Le manque de propositions concrètes est flagrant, bien que ce soit un choix affiché par les rédacteurs : ne pouvant être exhaustifs, et n’étant pas des experts sur le sujet, ils ont préféré simplement affirmer leurs convictions, et concevoir un manifeste pour faire parler de l’écologie et créer un débat entre les étudiants. Pour ceux en recherche d’actions concrètes, une page du site du manifeste recense une liste d’actions possibles pour nous aider à changer nos comportements.

 Il faut également relativiser l’ampleur de ce manifeste : il est facile pour un étudiant diplômé d’une école prestigieuse de refuser une offre d’emploi lorsque toutes les entreprises se battent pour l’embaucher ; c’est loin d’être aussi évident pour d’autres étudiants. Comment refuser une offre d’emploi venant d’une entreprise peu écologique et éthique si d’autres opportunités peinent à se présenter ?

En tant qu’étudiants en économie, nous devons nous aussi nous interroger sur notre rôle dans cette transition écologique : que pouvons-nous y apporter ? On pourrait intégrer systématiquement la finitude des ressources dans les modèles économiques de demain, poser des hypothèses crédibles en termes d’utilisation et de renouvellement de ces ressources, questionner les indicateurs actuels de la croissance et sa recherche incessante, documenter l’impact économique – et social – du réchauffement climatique ; autant de possibilités que de futurs métiers pour nous, étudiants de la TSE. Nous sommes tous responsables, d’abord en tant que citoyen, mais aussi en tant qu’acteur du monde de demain. Si les économistes sont en majorité capables de comprendre les chiffres et les statistiques, pourquoi avons-nous tant de mal à appréhender correctement la réalité, plus qu’inquiétante que décrivent les chiffres alarmants du réchauffement climatique ?

Certains font sûrement bien plus que défiler ou signer des pétitions ; mais pour ceux qui ne savent pas comment agir, il est possible de commencer par signer le manifeste, d’en parler autour de soi et de se renseigner sur l’ampleur du problème.

Rendez-vous sur https://pour-un-reveil-ecologique.fr/index.php pour prendre connaissance du manifeste.

de Caroline Lebrun

ecologique

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